Le Jardin du Luxembourg : une histoire royale au cœur de Paris

Mais avant de devenir un lieu de promenade et de détente, ce jardin fut le fruit d’un projet politique, artistique et botanique ambitieux, initié au XVIIᵉ siècle.
Ce site emblématique incarne à la fois l’héritage royal, les évolutions paysagères successives et le rôle contemporain du jardin comme patrimoine vivant.
Son histoire, à la croisée du pouvoir, de l’esthétique et de la science, mérite d’être redécouverte.
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Du jardin royal au jardin public : évolutions du XVIIIᵉ au XIXᵉ siècle
Au fil des siècles, le Jardin du Luxembourg connaît plusieurs transformations majeures. À la fin du XVIIᵉ siècle, l’acquisition de terrains voisins permet son agrandissement. Un nouveau plan à la française est conçu par André Le Nôtre ou ses successeurs, caractérisé par des parterres symétriques, des allées rectilignes et une organisation centrée autour d’un grand bassin octogonal. À la Révolution française, le jardin, nationalisé, est ouvert au public. Il devient un espace de liberté et de détente pour les citoyens. Durant le XIXᵉ siècle, les grands travaux d’urbanisme menés par le baron Haussmann modifient les abords du jardin. Des rues nouvelles sont tracées, réduisant légèrement sa superficie. Néanmoins, des enrichissements sont apportés : plantation d’espèces rares, création de serres, introduction de sculptures, développement d’un verger conservatoire. Sous le Second Empire, le jardin devient un modèle de parc urbain alliant agrément, pédagogie et conservation botanique.
Un jardin d’art et de mémoire : sculptures et patrimoine végétal
L’une des spécificités du Jardin du Luxembourg réside dans la richesse de son patrimoine artistique. Dès le XIXᵉ siècle, il accueille un grand nombre de statues et de monuments. Parmi les plus célèbres, on trouve la série des Reines de France et femmes illustres, commandée sous Louis-Philippe, qui orne la galerie située le long du parterre central. Ces sculptures, réalisées par de grands artistes de l’époque, rendent hommage à des figures féminines majeures de l’histoire française, telles que Marie Stuart ou Jeanne d’Albret. Le jardin abrite aujourd’hui plus de 100 sculptures, mêlant figures historiques, œuvres allégoriques et créations contemporaines. Le patrimoine végétal du jardin est tout aussi remarquable : il comprend environ 800 variétés de pommiers et poiriers dans le verger conservatoire, une orangerie, des serres tropicales, ainsi qu’une roseraie. Ces collections sont entretenues par les jardiniers du Sénat, qui veillent à la préservation et à l’enrichissement de la biodiversité du site.
Un jardin vivant : activités, culture et institutions

Une sculpture pour se souvenir de l'abolition de l'esclavage


Commandée à l’issue de la première journée nationale dédiée à cette mémoire, elle s’impose comme une méditation sculptée sur les chaînes brisées de l’histoire. Trois anneaux de bronze, superposés verticalement, composent cette forme épurée mais saisissante, évoquant tour à tour l’enracinement, la douleur persistante et l’élan vers la liberté. L’anneau inférieur, solidement ancré dans le sol, renvoie aux racines arrachées et au poids du passé ; le second, menaçant, rappelle que l’esclavage n’est pas qu’un fait du passé, mais une réalité encore contemporaine ; le dernier, ouvert vers le ciel, figure l’émancipation conquise. Sur une face de la sculpture, des mots tranchants — Exterminé, Décimé, Mort — sculptent le cri muet des victimes ; sur l’autre, des nervures de rouge et de vert sur fond blanc, des dates et une citation d’Aimé Césaire, forment une écriture de mémoire.
À la fois cri de douleur, cri d’alerte et cri de liberté, cette œuvre est devenue depuis 2017 le point de rassemblement de la République pour honorer, chaque 10 mai, la mémoire des esclaves et des abolitions. Elle se tient là, dans ce lieu de pouvoir et de lois, comme une vigie de bronze qui oblige le passant à s’arrêter, à lire, à se souvenir.
Un patrimoine parisien préservé et réinventé

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